24 août 2022 – Au fait, c’est quoi la défense pénale? épisode 2/7 – Préparation du client

du droit, du droit, et encore du droit !

Aujourd’hui, je défends un innocent. Si, ça arrive (!). En réalité, un innocent c’est quoi ? C’est la question usuelle que l’on nous pose dans les réunions familiales ou amicales : « comment peux-tu défendre quelqu’un dont tu sais qu’il est coupable ? ». Tous les pénalistes vous répondront de la même manière :  » je ne me pose pas cette question « . Un innocent, c’est quelqu’un contre qui le Procureur, en charge de rapporter la preuve de la culpabilité de mon client, ne l’a pas fait suffisamment. Plaider que quelqu’un est innocent parce que la preuve n’a pas été suffisamment établie, c’est protéger la société dans son ensemble. Personne ne doit être condamné sans preuves ! Bien évidemment, je ne me lance pas dans un dossier, à plaider que mon client est innocent, si la preuve a suffisamment été rapportée. C’est même contre-productif. Nier les faits alors que tout prouve que vous les avez commis ne fera qu’agacer votre juge ou vos Jurés qui n’auront qu’une seule envie : vous condamner plus lourdement que ce que les faits méritaient parce qu’en plus vous ne les avez pas reconnus (!) – Comment on plaide une innocence. Il faut : connaître le dossier sur le bout des doigts, exhiber les éléments du dossier, pour qu’ils soient relus, réentendus (le Juge, qui a beaucoup de dossiers à charge a certainement lu très rapidement le témoignage de la voisine qui donne une approche différente de la réalité des faits). Il faut fouiller le dossier, en long et en large, l’analyser, comparer les procès-verbaux, les recouper, les vérifier, dans les moindres recoins. Ils disent bien souvent des choses différentes des apparences ! si le client apparaît comme avoir été présent sur la scène, il est en est peut-être tout à fait autrement si l’on relit bien le procès-verbal de géolocalisation de son téléphone, si l’on a demandé au Juge d’instruction de demander l’exploitation de telle caméra de vidéosurveillance qui a été omise par les enquêteurs. Ce travail demande du temps, et justement, par rapport au Procureur ou au Juge, nous avons la possibilité de prendre le temps de dépouiller le dossier. C’est un avantage, il ne faut pas le gâcher ! Enfin, il y a bien évidemment une multitude d’autres techniques et d’autres facettes pour plaider une innocence et l’obtenir. Chaque dossier est différent, et il faut être également inventif, audacieux, user de ses réelles émotions : une accusation à tort est insupportable. Si l’on use de sa colère, il faut le faire à bon escient et avec mesure. Elle ne doit pas nuire à l’efficacité, mais la servir. Elle fait partie de la force de la conviction si elle complète une démonstration rigoureuse, fine et précise de l’absence de preuves suffisantes. A suivre…

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